La performance crée des zombies…

Entrepreneure depuis quelques années, j’observe les fonctionnements du web, les outils et autres stratégies qu’on me conseille d’appliquer. Bref, toutes les lignes directrices à suivre pour faire un soi-disant bon business. Je me suis posée la question du pourquoi je n’étais pas à l’aise avec les techniques marketing données et surtout avec le fait qu’on me demande sans cesse de modéliser.

J’ai donc ouvert mon questionnement sur l’aspect sociétal afin d’élargir l’analyse et mon champ de réflexion.

Au cours de ma vie, j’ai voyagé, rencontré une multitude de cultures, excercé divers métiers, rencontré des gens extraordinaires dans des endroits ordinaires et lorsque je prends un minimum de recul, je constate qu’en France, nous sommes toujours en 1980. La quête de performance est privilégiée !

En quoi est-ce un problème?

C’est problématique car cette façon de produire du résultat est mal abordée. Elle épuise tout le monde, fout la pression, crée des tensions, elle est à court terme et retire finalement toute possibilité d’étoffer et d’agrandir l’entreprise de façon durable.

Pourquoi agissons-nous encore de la sorte?

C’est un constat que j’observe depuis que je suis rentrée dans le monde du travail en 1995. Nous procédons comme des enfants en manque de reconnaissance. Être reconnu grâce à nos performances est, en occident, une riche récompense. Cela nous donne l’impression d’exister. Réussir et gagner semblent nous définir et donne l’importance à nos places de choix dans la société. Mais à vrai dire, c’est un peu superficiel.

Lorsqu’on adore gratter comme j’aime le faire, on se rend compte que tout ceci est une belle illusion. Au moindre coup de vent, ça vole en éclat parce que les fondations ont été construites avec de mauvais matérieux.

Pour ma part, j’ai eu ce même désir d’être reconnue jusqu’à mes 25 ans. Je me tuais à la tâche pour être meilleure. Depuis le jour où je me suis réellement remise en question quant à ma façon démesurée d’aborder les choses, je me dépasse oui mais j’actionne de manière différente. J’actionne de façon plus juste et bizarrement, lorsque j’applique la justesse, je deviens plus performante.

Ce qui est important, c’est l’expérience que j’accumule sur la route qui me mène vers la réalisation de ma vision. C’est plus porteur, plus efficace et les fondations deviennent inébranlables. Si nous reportons ce principe de fonctionnement individuel à l’entreprise, il est évident que ce processus apporterait plus de résultat à long terme.

À vrai dire, la perpétuelle quête de résultat par le biais de la performance à outrance retire l’intelligence humaine. Elle nous lisse, nous éteint et évince toute possibilité de réel avancement. Qui dit retrait de cette partie chez l’être humain, dit retrait d’optimisation. On perd du temps, c’est souffrant et le résultat atteint ne sera probablement plus le même l’année suivante vu l’état dépressif des équipes rincées.

L’ensemble de notre système Européen fonctionne avec ce précepte. La politique, l’éducation, les entreprises, le marketing et j’en passe. Chacun de nous attend une sorte de reconnaissance de la part d’un Papa ou d’une maman (cf les chefs qui font courir les salariés au résultat pour mériter leur carotte). Qui plus est, parfois, nous leur donnons carrément les rennes de notre vie. En agissant comme des enfants ayant cette incessante nécessité d’être rassuré et sécurisé sur l’utilité de leur existence, nous attendons d’être reconnus au travers d’un système qui, finalement, nous broie jusqu’à l’os. Nous nous jetons corps et âmes vers notre perte.

Effectivement, agir de la sorte en pensant combler un tel besoin nous demande d’appliquer des modèles sans trop d’implication et de réflexion. C’est très exactement ce qui nous éteint. Il serait plus efficace de réinventer le modèle de façon plus expérimental. Cela permet d’aller plus loin, d’être plus épanoui tout en étant plus efficient.

Ce système infantilise au lieu de faire confiance, de responsabiliser les individus et d’avancer dans la collaboration. Nous ne mutualisons pas les avis et les expériences mais nous imposons un même format qui nous étrique dans la douleur.

Au siècle dernier, l’humain flippait d’être dépassé par la machine. J’ai le regret de constater qu’aujourd’hui, c’est l’humain lui-même qui s’est transformé en robot tant il s’est coupé de lui-même. Le monde est vraiment fou !

Pour ma part, je préfère parler de “concept” que de “modélisation”. Parce-que le concept ouvre clairement le champ des possibles. Il laisse la porte ouverte à l’apprentissage et à la connaissance de soi, ce qui est préférable pour prétendre à de meilleurs résultats. Il nous rend responsable, autonome et unique plutôt que dépendant, manipulable et conforme. Dans ces conditions, l’innovation devient possible.

Et si nous nous prenions enfin en main, si nous grandissions un peu, si nous apprenions à réharmoniser ce qui se produit en nous, si nous prenions la responsabilité quant aux choix que nous faisons (même les mauvais), si nous cessions d’être en quête de performance pour répondre au besoin de remplir nos vides profonds avec des “congratulation”, des réussites et autres médailles, si nous allions un peu plus en profondeur pour rassembler le collectif au lieu de rester dans une logique de reproduction qui sépare tout, alors le monde avancerait bien mieux.

Parce qu’à y regarder de plus près, notre civilisation actuelle s’appuie sur notre profonde incapacité à regarder la réalité en face, à nous remettre en question et à tendre vers plus de collaboration.

C’est ça…l’innovation !

C’est rassembler les différents points de vue et pour ce faire il faut…grandir !



SOYONS À POIL

SOYONS RESPONSABLES !

Love You All 💋

Le 17 février 2018

🎙️ En podcast ici ⬇

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